Le pionnier du capital-risque « early stage » annonce avoir levé 140 millions d’euros et vise une soixantaine de plus d’ici quelques mois. Les six associés actifs depuis 1998 écartent toute course à la taille et se focalisent sur les jeunes start-up du BtoB.
Après vingt ans d’investissement en capital-risque et 65 cessions, Ventech ne modifie pas d’un iota sa stratégie. L’investisseur spécialisé dans les deals « early stage » annonce ce mercredi 7 mars avoir levé 140 millions d’euros pour son cinquième fonds, dont la moitié auprès d’investisseurs européens, en droite ligne avec le fonds précédent.
Tout au plus les six associés du fonds s’accordent-ils la possibilité de monter à 200 millions dans les prochains mois. Une exception dans le capital-risque européen lancé dans une course à la taille pour investir dans des tours de table toujours plus gros, alimentés par l’afflux de capitaux.
« Le seul juge de paix en capital-risque, ce sont les cessions. 200 millions d’euros est la vraie taille qui permet de générer de la performance. Au-delà, il faudrait céder ces participations entre 50 et 60 millions d’euros en moyenne, et ce n’est pas la réalité du marché », estime Jean Bourcereau, associé chez Ventech.
Une orthodoxie qui lui a permis de dégager plus de 2,5 fois sa mise sur les fonds précédents et plus de 15 % de taux de rendement brut, lors de cessions comme Withings à Nokia , Stickyads à Comcast ou Webedia à Fimalac . En plus d’une vingtaine d’investissements ces dernières années, il n’a connu qu’une perte, celle du distributeur sojeans.com.
Des start-up en early stage
L’actionnaire de Qarnot computing et Believe, qui déploie des tickets de 50.000 à une quinzaine de millions d’euros contre 15 à 25 % du capital de start-up, donne la priorité aux services aux professionnels. Après les nouvelles technologies publicitaires, l’Internet des objets et l’informatique d’entreprise, le gérant compte investir dans 25 à 30 nouveaux champions du traitement des données , du logiciel d’entreprise, de l’intelligence artificielle et de la mobilité .
Fidèle à sa stratégie, Ventech ne se lancera pas comme ses pairs dans l’investissement dans des pépites plus matures.
« C’est une autre stratégie. Nous préférons rester concentrés sur un seul métier de spécialiste early stage. Un troisième retournement de cycle n’est pas à exclure, même s’il s’apparentera probablement à un atterrissage en douceur. Dans cette perspective, il faut rester focalisés sur la qualité des projets », poursuit le gérant.
La Grande-Bretagne en ligne de mire
Il reste également prudent vis-à-vis des levées de fonds numériques, les ICO , notamment en Europe. « Aujourd’hui la volatilité est trop importante et ce type d’émissions reste compliquée à marier avec un évènement financier classique », dit l’associé, même si l’équipe de Ventech en Chine appuie le lancement par Hornet, le réseau social pour la communauté gay, d’un financement par cryptomonnaie.
La clé de la croissance pour Ventech passe par le déploiement géographique. « La Grande-Bretagne est un marché naturel du capital-risque. Il viendra quand nous aurons consolidé notre présence en Europe du Nord », ajoute l’investisseur.